1 avril 2022
Cette lettre mensuelle accompagne la diffusion des données du marché automobile dont la PFA assure désormais la publication tous les mois. Elle vise à fournir un éclairage complémentaire aux chiffres fournis, et à diffuser des éléments d’actualité d’intérêt pour les entreprises de la filière automobile pour les aider à anticiper les tendances.
Déjà très impactée par la crise sanitaire puis par la pénurie des semi-conducteurs en 2021, l’industrie automobile fait face à une nouvelle crise qui pourrait profondément impacter le secteur. Sous l’effet de la crise ukrainienne et de la résurgence du COVID en Asie, la pénurie de semi-conducteurs pèse toujours plus sur la production européenne, entrainant des difficultés dans la chaîne d’approvisionnement et dans l’organisation de l’activité industrielle. Malgré un portefeuille de commandes encore élevé, le marché se contracte, et les livraisons tardent.
Alors que le mois de mars est généralement un mois important en termes de ventes aux particuliers, les immatriculations de véhicules particuliers (VP) sur le marché français, 147 078 unités en mars 2022, sont en retrait de 19,5% par rapport à mars 2021 (182 774 unités), et de 35% par rapport au marché d’avant-crise en 2019.
Quant aux immatriculations de véhicules utilitaires légers (VUL) et de véhicules industriels (VI), les tendances qui se sont amorcées depuis janvier se confirment : les VUL suivent une évolution comparable à celle des VP avec une baisse de – 28,6 % avec 34 063 unités ; le marché du VI amorce une légère baisse avec -1,2%.
Malgré ce contexte défavorable, la dynamique d’électrification du marché se poursuit : les ventes de véhicules 100% électrique ont augmenté de plus de 42% sur les trois premiers mois de l’année 2022 par rapport à la même période sur 2021, et atteignent 43 506 unités, soit une part de marché de près de 12%. Les particuliers représentent 2/3 des acheteurs de voitures électriques sur les 3 premiers mois 2022. Stellantis et le groupe Renault représentent plus de la moitié du marché électrique sur les trois premiers mois de 2022.
Les ventes de véhicules hybrides rechargeables (VHR) se stabilisent autour de 30.000 unités vendues depuis le début de l’année (même niveau que l’année dernière à la même date), soit 8% de part de marché.
En février 2022, les immatriculations de voitures particulières neuves dans l’Union européenne se sont encore contractées (-6,7%), les constructeurs automobiles continuant de faire face à des difficultés d’approvisionnement des matières premières et de semi-conducteurs. Avec 719 465 unités vendues dans l’UE, il s’agit du résultat le plus faible en termes de volumes pour le mois de février depuis le début des enregistrements. Les quatre marchés clés de la région ont affiché des résultats mitigés. L’Italie et la France ont enregistré des pertes à deux chiffres (-22,6% et -13,0% respectivement), tandis que l’Espagne et l’Allemagne ont enregistré une croissance par rapport à une base particulièrement basse en 2021 (+6,6% et +3,2% respectivement).
De janvier à février 2022, les immatriculations totales de voitures neuves dans l’Union européenne ont diminué de 6,4% par rapport à la même période l’an dernier. Là encore, si l’on considère les quatre plus grands marchés, c’est l’Italie qui a connu la plus forte baisse (-21,1 %), suivie de la France (-15,7 %). En revanche, les marchés de l’Allemagne (+5,6%) et de l’Espagne (+4,2%) ont continué de croître.
En février 2022, les immatriculations de véhicules utilitaires neufs ont reculé dans l’Union européenne, en baisse de 15,7 % pour s’établir à 131 874 unités. Tous les segments ont enregistré un repli des immatriculations. Les quatre marchés clés de la région ont également tous subi des pertes : l’Espagne (-23,3 %), la France (-21,4 %), l’Allemagne (-8,1 %) et l’Italie (-4,8 %).
De janvier à février, la demande de véhicules utilitaires dans l’UE a diminué de 13,5 % pour s’établir à 257 127 unités immatriculées au total. L’Espagne (-21,9%), la France (-19,3%), l’Allemagne (-5,8%) et l’Italie (-2,8%) ont toutes enregistré des baisses.
Les analyses en cours anticipent un impact significatif du conflit sur le volume du marché automobile pour l’ensemble de l’année 2022 - notamment en Europe - remettant en cause l’espoir d’un rebond après deux années historiquement basses. L’accroissement des tensions sur les approvisionnements en semi-conducteurs, l’envolée des prix des matières premières (acier, aluminium, matières plastiques, matériaux stratégiques…) et de l’énergie, l’inflation des coûts qui en résulte et les problèmes de logistique contribuent à maintenir l’offre sous très forte contrainte. La filière souffre à nouveau des « stop & go » de la production automobile en fonction des arrivages des matières, pièces et composants, rendant très difficile l’organisation de la chaîne d’approvisionnement.
La demande est également en train de fléchir, y compris pour les véhicules utilitaires, même si le stock de commandes reste à ce stade élevé. Il existe de nombreuses incertitudes sur la durée du conflit et sur les conséquences d’éventuelles sanctions et/ou contre sanctions supplémentaires qui pourraient accroitre les difficultés.
C’est dans ce contexte que les pouvoirs publics et la PFA - avec ses fédérations membres - cherchent à identifier au mieux les points qui risquent d’être bloquants si la situation perdure, afin de trouver des alternatives en matière d’approvisionnement.
Les prix à la pompe sont en train de grimper à des niveaux sans précédent, et compte tenu de l'évolution de la situation en Ukraine et de l'embargo américain sur le pétrole russe, il est à craindre qu'ils poursuivent leur hausse dans les prochaines semaines. La question du prix du carburant est un sujet extrêmement sensible d'un point de vue social, et économiquement critique pour des pans entiers du PIB, avec d'importants effets boule de neige (hausse des prix du transport, inflation généralisée…)
Ces informations concernant la guerre en Ukraine sont particulièrement anxiogènes pour les ménages européens. Ils craignent de plus en plus une propagation du conflit au-delà de l’Ukraine. Cette anxiété pourrait influencer défavorablement le moral des ménages et ainsi annuler ou reporter leurs projets d'investissements. Certains se tournent vers le marché de l'occasion.
Selon l’INSEE, l’Indice de confiance des ménages est à 91 en mars soit en baisse de 6 points / février et se situe bien en dessous de sa moyenne habituelle.
Crise ukrainienne – Mesures prises par le gouvernement