Lettre Marché & Analyses de la PFA - Septembre 2023

Lettre Marché & Analyses de la PFA - Septembre 2023

4 septembre 2023


Cette lettre mensuelle accompagne la diffusion des données du marché automobile dont la PFA assure désormais la publication tous les mois. Elle vise à fournir un éclairage complémentaire aux chiffres fournis, et à diffuser des éléments d’actualité d’intérêt pour les entreprises de la filière automobile pour les aider à anticiper les tendances.


Un marché automobile en progression en août, mais des carnets de commandes en baisse

Avec 113 599 immatriculations de voitures particulières sur le mois d’août 2023, le marché confirme sa hausse qui atteint 24,3% par rapport à août 2022.

Sur les 8 premiers mois de l’année 2023, le marché progresse de 16,6%, soit 1 132 321 immatriculations de voitures particulières neuves par rapport à 2022, une année historiquement basse. Les volumes remontent avec la réduction des contraintes d’approvisionnement en semi-conducteurs, mais le niveau reste néanmoins encore très en-deçà des volumes d’avant-covid.

Sur le marché des VUL : avec 21 789 immatriculations sur le mois d’août 2023, le marché français des véhicules utilitaires légers neufs (moins de 5,1 tonnes) est en hausse de 17,5% par rapport à août 2022.

Quant au marché du véhicule industriel, le mois d’août 2023 marque une hausse de +80% des immatriculations mais ceci est notamment lié au changement de réglementation sur les chronotachygraphes des camions. À partir du 21 août, les véhicules neufs circulant dans l'Union européenne (UE), doivent être équipés du chronotachygraphe 1C V2.

Les prises de commandes ne suivent pas cette progression et la baisse se confirme à nouveau sur le mois d’août à 7,6% pour les VP (soit -13,5% en cumul depuis le début de l’année). Et les portefeuilles de commande se réduisent.

Les commandes sont à l’inverse relativement élevées en août pour les VUL avec + 18,6%. Mais au cumul depuis le début de l’année, le niveau de commandes accuse une baisse très importante de -24,7%.


Des facteurs macro-économiques peu favorables

La croissance résiste malgré un contexte économique morose.

Le climat des affaires en France est stable au mois d’août mais il s’est fortement dégradé dans l’industrie avec des carnets de commandes en baisse.

De même, l’indicateur de confiance des ménages est stable en août, mais il indique une détérioration des opinions sur les perspectives d’évolution du chômage, de l’inflation et du niveau de vie. Ainsi, la part des ménages préférant épargner augmente légèrement et le niveau des intentions d’achat de biens importants reste faible.

Malgré un ralentissement de l’inflation depuis quelques mois, celle-ci reste élevée et a rebondi au mois d’août avec l’augmentation des prix de l’énergie (hausse des prix des produits pétroliers et des tarifs règlementés de l’électricité).

Sur un an, selon l’estimation provisoire réalisée en fin de mois, les prix à la consommation augmenteraient de 4,8 % en août 2023, après +4,3 % le mois précédent.

Les achats automobiles sont toujours freinés par le niveau élevé des taux d’intérêt, des frais de financement et des prix des véhicules, même si l’on observe une décélération des prix des voitures neuves et d’occasion depuis le mois de mai.

En juillet, les prix des voitures neuves augmentaient de 2,8 % sur un an contre 6,1% en avril et celui des voitures d’occasion de 3,9% contre 5,6% en avril.


­Une électrification du marché qui se poursuit

La part de marché des véhicules particuliers 100% électriques s’élève à 17% du mix en août 2023, pour atteindre 174 630 immatriculations (soit 15,4% de part de marché) sur les 8 premiers mois de l’année 2023 (contre 12,2% sur la même période en 2022).

La part de marché de l’ensemble des véhicules électrifiés (100% électriques et hybrides rechargeables) passe désormais à 24 % depuis le début de l’année.

Quant aux véhicules full hybrides, avec 156 913 immatriculations depuis le début de l’année, leur part de marché représente plus de 13,9% sur les 8 premiers mois 2023 (11,9% sur la même période 2022).


Eco-conditionnalité du bonus écologique - 3 questions à Marc Mortureux, Directeur Général de la PFA

Le gouvernement a publié fin août, pour consultation, un projet de décret et d’arrêté relatif au bonus écologique, conditionnant désormais l’attribution du bonus à un critère environnemental lié à la production du véhicule. Comment la PFA se positionne t’elle face à une telle évolution du bonus ?

Marc Mortureux : Le projet vise à prendre en compte l’empreinte carbone de la fabrication du véhicule, ainsi que la réparabilité de la batterie et l’incorporation de matières plastiques recyclées, en resserrant l’attribution du bonus aux véhicules ayant les meilleurs scores environnementaux sur ces critères. Nous partageons les objectifs poursuivis par ce projet qui va dans le bon sens sur le plan environnemental, en prenant en compte l’empreinte carbone du véhicule sur l’ensemble de son cycle de vie. C’est une évolution que nous appelons de nos vœux également au niveau européen.

C’est d’autant plus important qu’un véhicule électrique a une empreinte carbone près de deux fois supérieure à celle d’un équivalent thermique au niveau de sa fabrication.

C’est par ailleurs une approche qui valorise l’atout que nous avons en France, et, dans une moindre mesure, en Europe, avec notre électricité décarbonée.

Concrètement, comment le décret et l’arrêté envisagent-t-ils de mesurer ce niveau minimum de performance environnementale exigé pour bénéficier du bonus ?

Le calcul de l’empreinte carbone de la fabrication du véhicule tient compte des principaux facteurs d’émission : l’acier, l’aluminium, les autres matériaux présents dans le véhicule, mais aussi la batterie, les process de fabrication des pièces et d’assemblage du véhicule, ainsi que le transport et la logistique. La méthode est décrite dans l’arrêté, et les constructeurs doivent fournir de nombreuses données à l’ADEME pour vérification.

Concrètement, pour chaque matériau (acier, aluminium, verre, plastique, etc.), ils devront renseigner la masse contenue dans chacune des pièces du véhicule pour en calculer l’empreinte carbone. De même pour la batterie, les process de transformation et d’assemblage et le transport. Le texte gouvernemental propose une méthode de calcul pour obtenir le « score environnemental » du véhicule, et définit des facteurs d’émission à prendre en compte. Les constructeurs pourront, par dérogation, proposer en les justifiant leurs propres facteurs d’émission en prenant par exemple en compte le recours en local à de l’énergie plus décarbonée que celle du pays de fabrication.

La méthode nous semble globalement pertinente, mais nous avons proposé un certain nombre de simplifications pour éviter une lourde charge administrative inutile.

Ce texte, par définition, ne concernera que la France. Doit-on regretter qu’il n’y ait pas là une initiative européenne ?

La commission européenne doit proposer une approche en analyse de cycle de vie dans le cadre de la future révision de la réglementation CAFE sur les émissions de CO2 des véhicules. L’initiative française est en ligne avec les orientations européennes à venir. Les pouvoirs publics européens ont fait le choix du tout électrique en Europe dès 2035 pour réduire les émissions de CO2, encore faut-il prendre en compte toutes les émissions de CO2, non seulement celles liées à l’usage des véhicules mais aussi à leur fabrication et à leur fin de vie. J’ajoute qu’à date, force est de constater que la réponse européenne à l’IRA américaine ou au soutien massif de la Chine à son industrie, est insuffisante. L’initiative française doit être un encouragement pour d’autres pays à s’appuyer sur cette approche fondée sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule.


Source : www.pfa-auto.fr