1 janvier 2022
La mobilité est un enjeu sociétal, environnemental et doit innover à travers de nouveaux modèles et outils pour répondre à des défis inédits. Dans de nombreux projets déjà lancés et expérimentés, jamais la collaboration intersectorielle n’a été poussée aussi loin. Pour donner à ces initiatives toutes les chances d’aboutir, l’écosystème de la mobilité doit mutualiser les efforts et casser les silos afin de profiter pleinement de la fertilisation cross-industrie. Interview de Marc Charlet, Directeur Général du pôle de compétitivité Nextmove, dans le cadre de Techinnov.
La mobilité de demain sera plus sûre, plus automatisée et plus connectée. En effet, les attentes en la matière évoluent fortement, en particulier en termes de confort, de service et d'information qui se développent à bord des véhicules. De plus, la sécurité routière n'est aujourd'hui plus négociable, ce qu'entérine le seuil de zéro mort sur la route d'ici 2050 fixé par la Commission européenne.
Autres enjeux qui propulsent la mobilité vers ses modèles et solutions de demain : les questions environnementales avec un objectif de réduction drastique de l'empreinte carbone des transports, et sociétales avec une exigence d'inclusivité et d'accès à des transports durables pour tous.
Ainsi, la mobilité moderne s'inscrit dans de grands changements technologiques, d'usage et sociétaux et évolue à grande vitesse. Dans ces mutations majeures, la mobilité doit s'adapter, voire se réinventer.
De nouveaux modèles de mobilité à la croisée des expertises
Les transformations de la mobilité de demain sont notamment technologiques, avec l'électrification, le déploiement de l'automatisation et de l'intelligence artificielle dans les véhicules. De plus, des usages et des outils spontanément adoptés par le public offrent un réel intérêt à être développés à grande échelle. C'est le cas du covoiturage ou du transport à la demande que des collectivités territoriales cherchent à organiser et étendre pour mieux desservir leur territoire, ou de modes de transports actifs comme la trottinette ou le vélo électriques qui font partie des très nombreux modes de mobilité qui viendront compléter l'offre existante.
Cette mobilité nouvelle prend déjà forme. En témoigne l'expérimentation en Normandie et sur le plateau de Saclay d'un système de transport à la demande, mais opéré par véhicules individuels ou petites navettes électriques automatisés. Les prochaines étapes prévoient la mise en œuvre de ce modèle sur de courts parcours maîtrisés, par exemple entre un parking et un terminal d'aéroport, avant un déploiement à d'autres cas d'usages.
Jamais la mobilité n'a sollicité autant d'expertises diverses, ni nécessité une telle coopération cross-sectorielle pour valider et pérenniser les nouveaux modèles. Le moment est venu pour tous les acteurs sollicités - collectivités locales, constructeurs automobiles, startups, entreprises industrielles - d'accélérer leur collaboration.
Casser l'effet silo pour booster la dynamique collaborative
Or, aujourd'hui, de trop nombreux silos perdurent entre les domaines d'expertise impliqués dans la mobilité. Certaines rigidités doivent encore être surmontées pour fluidifier la collaboration entre différents secteurs qui n'y avaient jamais autant eu recours. Le véhicule électrique l'illustre bien : il implique un travail main dans la main des mondes de la construction automobile, de l'électronique et de l'énergie pour répondre aux questions que soulève la recharge des véhicules à partir du réseau public - quels moments privilégier, par quel accès, avec quelle possibilité de restitution d'énergie au réseau, notamment.
Si la collaboration est la clé pour entrer dans la mobilité de demain, elle est aussi une stratégie particulièrement adaptée à l'époque. Crise et budgets restreints obligent, mutualiser les efforts et les moyens offre un intérêt évident pour continuer à avancer sans risque de brider la dynamique.
Ce défi du collaboratif peut tout à fait être relevé, à condition d'un support à tout l'écosystème de la mobilité pour créer les synergies et activer les projets communs. Ainsi l'animation de cet écosystème, les mises en relations, le sourcing de compétences, parfois très précises dans le cadre d'un projet en cours, sont autant d'initiatives nécessaires pour que la mobilité de demain s'invente, s'expérimente et soit industrialisée sur nos territoires.
Source : interview de Marc Charlet, DG de NextMove dans latribune.fr