18 novembre 2025
Dans le cadre du contrat stratégique de la filière automobile (CSFA) 2024- 2027, plusieurs chantiers sont en réflexion pour développer l’économie circulaire en France. Une étude collective en cours, conduite par la PFA, fait un état des lieux complet de la situation. Des comités de pilotage réguliers, des webinaires et des groupes de travail permettent d’avancer conjointement sur le sujet, avec l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de valeur de l’économie circulaire, représenté par une centaine d’organismes impliqués. Marc Mortureux, Directeur général de la PFA, nous présente l’état d’avancement de cette réflexion sur l’économie circulaire en France en vue de répondre aux prochaines obligations européennes sur les véhicules hors d’usage (VHU) et la loi anti-gaspillage AGEC, au niveau national.
Dans un contexte de transition majeure, l’économie circulaire est un sujet incontournable pour permettre la décarbonation globale de la filière, économiser les ressources en matériaux critiques et favoriser l’indépendance de l’Europe vis-à-vis des autres régions du monde. Les acteurs de l’ensemble du cycle de vie du véhicule sont concernés puisque de nouvelles compétences doivent être développées pour l’ensemble des métiers. La filière automobile est engagée de longue date dans l’économie circulaire, avec des résultats qui positionnent la France de façon favorable en Europe sur plusieurs points clés. Le renforcement de la réglementation européenne et nationale impose d’aller plus loin avec de nouveaux objectifs sur lesquels les acteurs se mobilisent.
L’économie circulaire est une dynamique stratégique pour des raisons environnementales et économiques. Les pôles de compétitivité comme NextMove sont extrêmement précieux dans ce genre de démarche
Depuis 2024, la PFA anime un travail collectif rythmé par des ateliers sur des thématiques bien ciblées et des webinaires de restitution d’avancement. « Au travers du nombre d’entreprises impliquées dans l’étude, on sent que cette thématique mobilise beaucoup d’acteurs avec une vraie attente » complète Marc Mortureux. Elle implique des constructeurs automobiles, des équipementiers, des fournisseurs sur toute la chaîne d’approvisionnement, mais aussi Mobilians et ses partenaires (garagistes, concessionnaires, centres de traitement des véhicules hors d’usage…), Federec (Fédération professionnelle des entreprises du recyclage)… Le cabinet de conseil en stratégie et innovation, Strat Anticipation, a permis la collecte d’un très grand nombre de données et l’analyse de nombreuses études.
NextMove et certains de ses membres sont aussi impliqués. « Les pôles de compétitivité comme NextMove sont extrêmement précieux dans ce genre de démarche. Ils sont fortement impliqués sur leurs territoires auprès de leurs membres, ce qui permet de mobiliser des acteurs pertinents » précise Marc Mortureux.
Le premier gros chantier consiste à augmenter le démontage des pièces et des sous-ensembles dans les centres de collecte de VHU. Actuellement, certaines pièces sont démontées avant le broyage de l’épave. En récupérant davantage de matières, comme les câbles et le cuivre, en amont du broyage, améliorer la qualité des matières recyclées serait possible. Deuxièmement, l’acier et l’aluminium sont les deux matériaux les plus présents dans les véhicules. À ce jour, le secteur du bâtiment, moins exigeant en termes de qualité, réutilise la majorité des matières recyclées des voitures. Troisièmement, le recyclage des matières plastiques forme un sujet très complexe. La difficulté repose sur les technologies adaptées à la pluralité des compositions plastiques existantes et à leurs contaminations par d’autres composants. La nouvelle réglementation imposera que 25 % des matières plastiques soient recyclées d’ici 2032, dont ¼ réincorporées dans les véhicules. Le recyclage des batteries et la diversité des technologies utilisées (LFP, NFC) représentent également un chantier d’envergure. Face à l’électrification du parc automobile, anticiper la fin de vie de ce type de véhicule dès maintenant est primordial. De nombreux matériaux de valeur les composent. « Nous devons être en capacité, en Europe, de les récupérer et de les traiter pour en faire de la matière recyclée de qualité compatible avec une batterie neuve. La Chine est déjà très avancée sur le sujet » précise Marc Mortureux. « Nous travaillons également sur l’incorporation de caoutchouc recyclé et le recyclage des composants électroniques, de plus en plus nombreux dans les voitures, ainsi que sur les véhicules industriels. »