24 septembre 2024
Pour favoriser les déplacements des personnes à mobilité réduite à travers le maintien ou le passage du permis de conduire, le CEREMH avec le Laboratoire LISV a conçu un logiciel pour simulateur de conduite. Le logiciel BECAPE (Banc d’évaluation des capacités et aptitudes pour la conduite et la préconisation d’équipements) permet d’identifier les besoins des utilisateurs et d’adapter les postes de conduite au handicap, qu’il soit physique ou cognitif, d’origine pathologique ou traumatique et d’évaluer les performances de conduite. Décryptage sur ce projet labellisé NextMove avec Benjamin Malafosse, Directeur Général du CEREMH.
Favoriser la mobilité pour tous : telle est la mission du Centre de Ressources et d’innovation Mobilité Handicap. Parmi de multiples actions de sensibilisation, d’accessibilité, de recherche et de rééducation, cette association d’intérêt général a fondé une auto-école associative proposant des solutions adaptées aux personnes à mobilité réduite. Le CEREMH s’investit également dans des activités de formation professionnelle : auprès des ergothérapeutes, qui étudient les postes de conduite à la pathologie du conducteur, mais aussi auprès des moniteurs d’auto-école qui accompagnent cette conduite en situation de handicap.
Le département R&D du CEREMH cherche à identifier les dispositifs faisant défaut à la mobilité PMR, afin de définir et évaluer de nouveaux produits en lien avec les industriels. Les innovations développées en R&D sont ensuite commercialisées.
NextMove permet de poser les bons jalons pour se positionner par rapport au marché et aux financeurs
Fabriqué en France par la société MobSim et équipé du logiciel du CEREMH et du Laboratoire LISV, le simulateur permet de mesurer les performances de la conduite : temps de réaction, capacité à manier les commandes, modulation du freinage et de l’accélération, force employée pour tourner le volant… Le simulateur est accessible en fauteuil roulant et utilisable avec différents outils d’aide à la conduite (joystick, boule au volant ou autre). « Cela permet à la fois de tester l’utilisateur pour évaluer sa progression, et de réaliser sa rééducation directement sur le simulateur. En fonction des tests, les thérapeutes peuvent adapter la configuration du poste de conduite », explique Benjamin Malafosse. Depuis la première vente en 2020, 30 centres hospitaliers ont été équipés du simulateur avec le logiciel BECAPE. Commercialisé dans toute la France, le produit a même fait son entrée sur le marché belge au début de l’année 2024.
« En France, il y a une réelle méconnaissance des aides à la conduite et des obligations d’évaluation », déplore Benjamin Malafosse. « Comme certains niveaux de pathologie entraînent un retrait de permis, les personnes craignent de se faire évaluer. Or, s’il y a une obligation de régularisation face au handicap, de nombreuses aides à la conduite permettent de conserver son permis. L’idéal est de se faire évaluer dès l’apparition d’une déficience pour bénéficier d’un accompagnement ». Le CEREMH s’investit pour que tout le monde soit au courant de ces solutions, qu’il s’agisse des personnes à mobilité réduite ou tout professionnel en lien avec ce domaine (moniteur d’auto- école, ergothérapeute…).
Les études sur le simulateur BECAPE ont commencé en 2011. « NextMove labellise nos différents projets de recherche, notamment auprès des régions, et nous accompagne lors du montage », indique Benjamin Malafosse. La labellisation du projet BECAPE a ainsi facilité l’obtention du financement de la Fondation MAIF et de la Région Île-de-France. « Le modèle doit être bien posé pour que les financeurs aient toute confiance sur le produit. NextMove nous accompagne également pour la promotion dans les territoires, avec des événements qui confèrent de la visibilité au simulateur ».
De nouveaux financements sont toujours nécessaires afin de poursuivre la R&D. Le simulateur BECAPE est en amélioration permanente pour le doter de nouveaux outils et de nouvelles façons d’évaluer, ou d’améliorer la détection de certains troubles. L’objectif du CEREMH est également d’homogénéiser les pratiques. Puisque les auto-écoles adaptées aux personnes à mobilité réduite sont rares, le simulateur doit bénéficier d’une diffusion maximale selon un modèle économique viable.
Crédit photo © Alexis Chaziere