1 janvier 2022
Des PME saisissent de nouvelles opportunités pour investir dans des domaines d'activité traditionnels ou émergents. Le secteur de l'électronique de puissance se mobilise en vue de créer une nouvelle filière qui répondra aux défis de l'électrification.
Un « eldorado » dit Bruno Racault. A la différence d'autres sous-traitants automobiles qui voient leur activité menacée , MSL Circuits, à Meung-sur-Loire (Loiret), se félicite de l'accélération des ventes de voitures électriques ou hybrides, qui ont franchi la barre du million l'an dernier en Europe . Spécialisé à 75 % dans l'automobile, ce fabricant de sous-ensembles électroniques est en train d'investir 25 millions d'euros dans l'extension de son usine.
« C'est une lame de fond qu'il faut anticiper en mobilisant toute la filière »Marc Charlet, Directeur Général de NextMove
Vers 2030, les voitures électriques pourraient représenter 25 % à 30 % des ventes, et les autres n'échapperont pas à l'électrification, avec une motorisation hybride, thermique et électrique. « C'est une lame de fond qu'il faut anticiper en mobilisant toute la filière », confirme Marc Charlet, directeur général de NextMove, un pôle de compétitivité qui fédère 600 membres autour de la mobilité en Ile-de-France et en Normandie.
Un milliard et demi d'euros pour le plan de relance
La société Calip Group, adhérente du pôle, en a par exemple déjà fait un relais de croissance. Ce groupe normand, qui dégage 30 millions d'euros de chiffre d'affaires, s'est positionné sur la fabrication de supports de pack batteries en profilé aluminium, assemblés grâce à la technologie spécifique du soudage par friction malaxage.
« Nous fournissons un de nos produits à un équipementier pour un véhicule américain, et nous avons plusieurs projets à l'étude avec des constructeurs et équipementiers automobiles français »Thierry Giorgalla, Directeur Général de Calip
Le groupe prévoit de faire passer de 10 % à 25 % la part de son activité liée à l'automobile.
Certes, le tableau n'est pas tout rose. Face à la transition qui s'accélère, 60.000 emplois sont menacés de disparition, surtout dans le secteur de la mécanique. Mais pour Marc Mortureux, directeur général de la plateforme automobile (PFA) qui réunit les 4.000 entreprises de la filière :
« le bilan global va dépendre de la capacité des entreprises à développer de nouvelles activités dans des domaines traditionnels, par exemple autour de l'allègement des châssis, de la fonderie aluminium ou des fixations, comme LISI Automotive, ou dans des champs d'application nouveaux ».Marc Mortureux, Directeur Général de la PFA
Électronique de puissance
Le plan de relance a fléché 1,5 milliard d'euros de subvention pour accompagner la mutation vers des véhicules plus propres. De nombreux axes de travail ont déjà émergé, autour des batteries, des bornes de recharge ou de l'hydrogène. D'autres se précisent, notamment sur l'électronique de puissance, une technologie en pleine révolution avec la mise au point de semi-conducteurs plus performants , qui pilote la conversion de l'énergie électrique.
L'objectif est de monter une nouvelle filière européenne stratégique, à l'image du projet de « l'Airbus des batteries » , avec à la clé un champ de valeur conséquent, de 300 à 1.000 euros par voiture. Les débouchés sont évalués à plus de 10 milliards d'euros en Europe à l'horizon 2030, un marché dont la France souhaiterait capter au moins un quart.
« Comme ces technologies ne sont pas matures, tout le monde est sur la même ligne de départ et nous avons des atouts, des laboratoires, de bons industriels, comme STMicroelectronics, des équipementiers et des constructeurs reconnus. C'est donc le moment ou jamais de construire une industrie européenne et française compétitive »Rémi Bastien, Président de NextMove et Directeur du programme Électronique de Puissance créé en juin dernier par le comité technique automobile et la PFA.
Un appel à manifestation d'intérêt a été lancé par le gouvernement en 2020, et un premier pas devrait être franchi d'ici à la fin de l'année en intégrant un « projet important d'intérêt européen commun » (PIIEC), en vue de la création de cette filière.
Source : Les Echos