Lettre Marché & Analyses de la PFA - Juillet 2023

Lettre Marché & Analyses de la PFA - Juillet 2023

5 juillet 2023


Cette lettre mensuelle accompagne la diffusion des données du marché automobile dont la PFA assure désormais la publication tous les mois. Elle vise à fournir un éclairage complémentaire aux chiffres fournis, et à diffuser des éléments d’actualité d’intérêt pour les entreprises de la filière automobile pour les aider à anticiper les tendances.

Consulter les données du marché automobile de la PFA - Mars 2023


Rebond du marché automobile en juin, mais des commandes toujours en berne

Avec 190 847 immatriculations de voitures particulières sur le mois juin 2023, le marché progresse de 11,5% par rapport à juin 2022. Une progression toutefois relative par rapport à un mois de juin habituel - mois historiquement le plus haut de l’année - qui avoisinait les 220 000 immatriculations avant la crise du COVID. Le premier semestre 2023 marque une hausse de 15,3%, soit 889 777 immatriculations de voitures particulières neuves par rapport à 2022.

Sur le marché des VUL : avec 42 699 immatriculations au mois de juin 2023, le marché français des véhicules utilitaires légers neufs (moins de 5,1 tonnes) est en hausse de 16,9%. Quant au véhicule industriel, le mois de juin 2023 marque une bonne reprise de +29,1% des immatriculations, soit 5325 unités.

Toutefois les immatriculations ne sont pas en phase avec le niveau des commandes qui ont baissé de 6,9% sur le mois en VP et 10,7% pour les VUL. Sur les 6 premiers mois de l’année la baisse est très significative et s’élève à 15,6%.

Une électrification du marché qui se poursuit

La part de marché des véhicules particuliers 100% électriquess’élève à 17% du mix en juin 2023, pour atteindre 138 077 immatriculations (soit 15,5% de part de marché) sur les 6 premiers mois de l’année 2023 (contre 12,1% sur la même période en 2022).

La part de marché de l’ensemble des véhicules électrifiés (100% électriques et hybrides rechargeables) passe désormais à 24 % depuis le début de l’année, en progression constante depuis le mois d’avril 2023.

Quant aux véhicules full hybrides, avec 121 091 immatriculations depuis le début de l’année, leur part de marché représente plus de 13,6% sur 6 mois 2023 (11,7% sur la même période 2022).

Une inflation en baisse, mais un contexte macro-économique incertain

En juin 2023, la confiance des ménages s’améliore légèrement, conséquence de signaux économiques plus positifs. À 85, l’indicateur qui la synthétise augmente de deux points mais reste bien au-dessous de sa moyenne de longue période. Cette légère amélioration est la conséquence du ralentissement de l’inflation qui se poursuit depuis le mois de mai (+5,1% en mai dernier). Selon l’estimation provisoire de l’INSEE, le taux d’inflation devrait s’établir à +4,5%, soit en légère amélioration par rapport au premier trimestre 2023, qui avait été marqué par une dégradation de l’inflation en France. Ce nouveau ralentissement est dû à une baisse des prix de l’énergie (-3 % sur 1 an) consécutive à celle du prix du pétrole brut (75 $ le baril en mai contre 93 $ en octobre) et s’accompagne également d’un ralentissement des prix sur les produits alimentaires (+13% après +14% en mai).

En mai, l’augmentation des prix des voitures neuves s’est ralenti en passant à +4,8 %, après une hausse de +6,4 % en avril. Les prix des voitures d’occasion décélèrent également légèrement (+5% après +5 ,6% en avril).

Toutefois, malgré ces signes positifs, les ménages demeurent inquiets face à ce contexte économique qui reste inflationniste, et restent prudents en matière d’achats importants et préfèrent épargner par précaution. Une épargne qui ne favorise pas l’achat d’un nouveau véhicule. La conséquence directe se retrouve dans les intentions d’achat de voitures qui restent à un niveau très inférieur au niveau habituel.

Le Climat des affaires reste stable

En juin 2023, le climat général des affaires est stable mais cela cache des disparités selon les secteurs d’activité. La situation s’améliore un peu dans l’industrie et le commerce de détail mais elle continue de se dégrader dans le bâtiment avec le recul du nombre de permis de construire.

Dans l’industrie automobile, les perspectives générales et le taux d’utilisation des capacités de production sont stables. Les stocks sont en baisse et les carnets de commandes sont en redressement en juin par rapport au mois de mai d’après les enquêtes d’opinion auprès des chefs d’entreprise même si le solde associé reste négatif.

La question de la réglementation EURO7

Où en sommes-nous dans les discussions ?

En novembre 2022, la Commission européenne (CE) a publié une proposition de nouvelle norme « Euro 7 » qui fixe des exigences en termes de conditions d’essais et de limites d’émission plus sévères qu’Euro 6/VI et traite également des émissions de particules hors gaz d’échappement (dues à l’usure des freins et à l’abrasion des pneus).

Les travaux d’examen et de discussions du texte sont en cours à la fois au niveau du Conseil et du Parlement. Au Parlement le rapporteur (Alexandr Vondra) de la commission saisie au fond a publié son projet de rapport le 26/05/2023. Les députés avaient jusqu’à jeudi 29 juin pour déposer des amendements sur le projet de rapport avant :

  • Le vote en commission en septembre
  • L’adoption de la position finale du Parlement en octobre (Indicative plenary sitting date 16/10/2023 selon Legislative Observatory).

Quelle est la position de la Filière automobile par rapport à ce projet ? et quelle la position de l’Europe ?

La filière automobile est opposée à toute nouvelle règle sur les émissions de gaz à l'échappement (y compris les nouvelles exigences d'essai ou les nouvelles limites) pour les voitures et les camionnettes, au risque de détourner les investissements nécessaires pour atteindre l'objectif fixé à l’horizon 2035 relatif à la fin de vente des véhicules thermiques.

Les progrès en matière de réduction des émissions de polluants des véhicules thermiques ont été très significatifs sous la réglementation actuelle Euro6. Une nouvelle norme Euro7 n’apportera qu’un gain marginal d’ici 2035 et risque par ailleurs d’être contreproductive car elle ralentirait le renouvellement du parc compte tenu des surcoûts associés.

La norme Euro7, nécessitera des ressources et des investissements considérables en matière de R&D, sur un moteur thermique voué à disparaitre pour n’obtenir qu’un gain dérisoire en matière d’émissions 4% pour les voitures et 2% pour les bus.

Les conséquences de tels investissements se répercuteront sur le prix des véhicules, au risque de voir les acheteurs reporter le renouvellement de leur véhicule.

La norme Euro7 imposera des équipements supplémentaires qui entraîneront des coûts supplémentaires importants par véhicule

La conformité à la réglementation Euro 7 proposée obligera les équipementiers à installer du matériel supplémentaire et à investir dans le développement et le déploiement de nouvelles technologies, ce qui affectera les coûts de fabrication des nouveaux véhicules conformes à la norme Euro 7. En outre, il existe des coûts indirects tels que l’augmentation de la consommation de carburant qui augmenteront les coûts totaux de possession pour les consommateurs.

Sur la partie émission à l’abrasion (frein et pneus), la filière automobile demande que le règlement Euro 7 prenne en compte les délais nécessaires à la mise au point des exigences techniques.

La date d'application proposée, initialement le 1er juillet 2025, a été transformée en date glissante dans le cadre d’une proposition de compromis de la présidence Suédoise de mars 2023. L’entrée en vigueur de cette mesure s’appliquera 24 mois après la date de publication du règlement pour les nouveaux types et 36 mois après pour tous types.

Elle reste néanmoins loin d'être réaliste pour permettre de répondre à l’ensemble des nouvelles exigences. Il faudrait compter au moins trois ans à compter de l'adoption de l'ensemble du paquet, y compris les nombreux actes d'exécution prévus par le règlement.

L’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) a demandé à Frontier Economics de fournir une évaluation indépendante et conforme des coûts supplémentaires par véhicule neuf Euro 7 sur la base d’estimations d’experts du secteur.

Les principales conclusions de cette analyse indiquent que les coûts directs marginaux moyens des véhicules Euro 7 (par rapport à Euro 6/VI) sont largement déterminés par les coûts d’équipement et d’investissement et sont d’environ 2 000 € par voiture/fourgonnette ICE et 12 000 € par bus/camion diesel.

Synthèse de la position de l’ACEA


Source : www.pfa-auto.fr