1 janvier 2022
Cette lettre mensuelle accompagne la diffusion des données du marché automobile dont la PFA assure désormais la publication tous les mois. Elle vise à fournir un éclairage complémentaire aux chiffres fournis, et à diffuser des éléments d’actualité d’intérêt pour les entreprises de la filière automobile pour les aider à anticiper les tendances.
Un marché automobile qui reste en net retrait en novembre 2021
Les immatriculations de véhicules particuliers (VP) sur le marché français s’élèvent à 121 995 unités en novembre 2021, soit un recul de -3 % par rapport à novembre 2020 (alors impacté par le deuxième confinement), et un recul de -29 % par rapport à novembre 2019. Malgré un bon niveau de commandes, le marché reste lourdement impacté par la pénurie de semi-conducteurs qui limite fortement la production et entraine des délais de livraison toujours plus importants de l’ordre de 6 à 8 mois.
Les immatriculations des VUL et de VI se tiennent mieux (pour le VUL : -12% par rapport au même mois de 2020 qui avait mieux fait face au confinement et -15% par rapport à 2019).
Par ailleurs, la pénétration des véhicules 100% électrique continue de progresser, leur part de marché sur les onze premiers mois passant de 6,2% à 9,3% en 2021. Mais ce sont les hybrides et, notamment les véhicules hybrides rechargeables (VHR), qui progressent le plus rapidement, avec une part de marché des VHR multipliée par deux sur un an, passant de 4,1% à 8,4%. Tandis que la part de marché du diesel marque un retrait de près de dix points passant de 31,1 à 21,5% sur la même période.
Un marché automobile en France fortement impacté en 2021 par la pénurie de semi-conducteurs
Sur les 11 premiers mois de l’année, le marché ne progresse que de 2,5% sur un an. Compte tenu des perspectives d’un quatrième trimestre toujours très handicapé par la pénurie de semi-conducteurs, le marché français devrait être sensiblement au même niveau qu’une année 2020 pourtant marquée par un effondrement sans précédent du marché à -25,5% par rapport à 2019.
Le marché français ne fait pas exception à cet égard : les pénuries de composants affectent l’ensemble du marché européen confronté, au mois précédent, à une chute de -29,3% et une évolution limitée à +2,7 % sur les dix premiers mois de l’année.
En France, comme en Europe, le taux d’activité industrielle du secteur automobile est nettement en retrait par rapport à l’ensemble de l’industrie qui profite du rebond de l’ensemble de l’économie : alors que, sur la période septembre-octobre 2021, l’ensemble de l’industrie affiche un taux d’activité de 76, le secteur automobile reste en effet à un niveau de 55 soit près de 20 points de moins.
Une pénurie toujours très difficile à gérer par l’ensemble de la filière automobile
Retour sur le LAB de la Filière AUTO sur la crise des matière premières et des composants
Selon Élisabeth WAELBROECK-ROCHA (IHS Markit), pour expliquer cette crise, « trois types de facteurs ont joué.
Le premier facteur est la reprise au cours des deux premiers trimestres de l’an passé : elle a été beaucoup plus rapide sous l’effet d’une demande « dopée » par les aides d’État destinées à limiter les effets de la crise sanitaire.
Deuxième facteur, en l’occurrence la désorganisation complète du transport maritime, qui n’a pas été en mesure d’anticiper et de répondre à la reprise économique.
Le troisième facteur est l’extrême réticence des fabricants de semi-conducteurs à augmenter la production, réticence qui a pour origine l’incertitude liée à la crise sanitaire. Parallèlement, la demande en biens durables, que d’aucuns ont jugé excessive, est demeurée temporaire. On ne remplace pas un réfrigérateur ou un ordinateur tous les ans. Quant à l’automobile, la demande est présente, mais la pénurie en semi-conducteurs entraîne un rationnement ».Nous devrions assister à une timide amélioration de la situation au cours du deuxième trimestre de 2022, avec un redressement marqué toutefois par l’émergence d’autres problématiques, notamment la flambée du prix de l’énergie. Pour Denis SCHEMOUL (IHS Markit), « lorsque nous parlons de l’échéance de 2022, celle-ci correspond tout au plus à un début d’amélioration. Il ne s’agit nullement d’une normalisation ». Le cabinet souligne, enfin, des disparités sensibles entre les constructeurs, les constructeurs asiatiques étant susceptibles de se sortir plus favorablement de cette crise des semi-conducteurs, alors que les constructeurs européens restent fortement impactés.